A genoux aussi longtemps qu'il faudra
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A genoux aussi longtemps qu'il faudra
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Le long du muret, Cyril arrĂȘte son vĂ©lo, un rockrider bien usĂ© quâil traine depuis ses dix sept ans, et en descend dans le mouvement, empressĂ© par lâenvie dâuriner qui le dĂ©mange kilomĂštre aprĂšs kilomĂštre. Sans mĂȘme prĂȘter attention au flot de circulation, il tourne sur sa gauche et pousse le portail rongĂ© par la rouille. Les gonds incertains menacent de lĂącher tĂŽt ou tard, il en est sĂ»r, mais il pĂ©nĂštre sur le terrain infranchissable, parsemĂ© de ronces ou dâaubĂ©pines sauvages, livrĂ©es aux hĂ©rissons et aux campagnols. Dâanciens pommiers couverts de lichens bleus ombragent les herbes hautes suintantes, et Cyril heurte souvent une pomme pourrie, dissimulĂ©e sous le tapis vĂ©gĂ©tal dense, que son pied ou la roue de son vĂ©lo broie avec indiffĂ©rence. Il fait quelques mĂštres puis stoppe sous les branches du chĂȘne. Dâun geste coutumier, il appuie sa bĂ©cane sur le tronc endurci, enlĂšve ses vĂȘtements dâune main tout en descendant sa braguette de lâautre, puis sort son appareil et attend que le jet chaud sâexpulse, comblĂ© de dĂ©livrance. Comme Ă chaque fois, il a un blocage qui dure plus ou moins longtemps, et des milliards de fourmis voraces lui dĂ©vorent le bas-ventre. Pourtant, il a lâhabitude de venir ici presque trois fois par semaine. Tellement lâhabitude que lâherbe en est brune et ne repousse plus Ă cette place. Lâendroit est sur la route de son travail, un peu isolĂ© de la ville. Presque un ilot de retraite, loin de la civilisation pourtant Ă quelques mĂštres, de lâautre cĂŽtĂ© du muret qui enceint la petite propriĂ©tĂ©. Cyril tourne la tĂȘte et sent dans son geste un air de dĂ©jĂ -vu, mais ses yeux tombent inĂ©vitablement sur la construction rabougrie dont le toit sâaffaisse. Il finira par sâĂ©crouler, se dit-il. A son Ă©cole dâapprentissage, il avait appris Ă concevoir des plans de construction, Ă les mettre en Ćuvre, ainsi que les ajustements structurels que cela imposait. Et il lui semble Ă©vident que la maison du PĂšre Quentin nâen a plus pour long Ă tenir. Cyril sent sa vessie appuyer sur le canal de lâurĂštre et le liquide chaud se met Ă couler en abondance. Un rĂąle de soulagement intense dĂ©ferle du plus profond de son Ăąme pendant quâil sifflote Les Walkyries.. Enfin libĂ©rĂ©, pense-t-il. Le PĂšre Quentin avait Ă©tĂ© le curĂ© de la paroisse, du temps oĂč ses offices servaient encore lâĂ©glise avant sa retraite soudaine. Cyril ricane, car cet enfoirĂ© coulait des jours paisibles au soleil dâEquateur, et laissait entendre, dans sa derniĂšre lettre affichĂ©e par la mairie, quâil ne comptait pas revenir. Mais il avait toujours une priĂšre pour ses premiers fidĂšles quâil gardait dans son cĆur bla-bla, et que cette priĂšre leur Ă©tait destinĂ©e bla-bla, Ă eux, et Ă tous les repentis du village. Ici, il Ă©tait connu de tout le monde. Les jeunes, les vieux. Il avait vu quatre gĂ©nĂ©rations naitre et sâaccomplir en bons chrĂ©tiens aimants. BaptĂȘmes, communions, mariages, enterrements... il avait tout fait. Fortement recommandĂ© par ses parents, comme tant dâautres, Cyril lâavait eu au catĂ©chisme. Au dĂ©but, ça avait Ă©tĂ© grandiose, plein de mystĂšres et de mysticisme, de questions ; rapidement, ça avait perdu de son intĂ©rĂȘt. Dâautant quâau final, ce nâĂ©tait pas trĂšs marrant dâavoir Dieu pour seule rĂ©ponse. Heureusement, il y avait les copains, et les copines. La belle Julie, Jolly Julie, quâils lâappelaient, lui et les autres gars en quĂȘte de sensations. Un mĂštre soixante dix dâĂ©lasticitĂ©, et des cheveux longs comme des Ă©toiles filantes. Tous les JĂ©sus du monde ne faisaient pas le poids. Mais Ă cet Ăąge pubĂšre ingrat, le PĂšre Quentin trouvait la parade juste : « lâEnfer attend les pĂȘcheurs », « Dieu est Amour, cet Amour doit ĂȘtre fondĂ© sur des notions saines, des bases morales, et lâunion sacrĂ©e devant Lui », plus dâautres salades, comme des saloperies qui faisaient pourrir lâĂąme, le poids du vice sur les Ă©paules, etc, etc... Il les sermonnait dâun index noueux, autoritaire, et ses doigts se repliaient autour de son Ă©paisse chevaliĂšre dorĂ©e, gravĂ©e dâun symbole rouge. Cyril sâapplique Ă ne pas se tĂącher sur les derniĂšres gouttes, toujours improbables, dâautant quâune brise se lĂšve et vient lui sĂ©cher le gland. Un frisson parcourt son Ă©chine, transperçant jusquâĂ son bas-ventre. Rien quâĂ la pensĂ©e de cette Ă©poque, ce sont ses tripes qui remuent. La petite troupe prit rapidement lâhabitude de se rĂ©unir aprĂšs le catĂ©, oĂč ils rigolaient ensemble en se foutant de la gueule du PĂšre Quentin. Puis ils allaient au PMU boire des biĂšres et retourner le baby-foot. CâĂ©tait un temps de camaraderie. Les retours sur la route en attroupement de cyclistes. Les ballades dans les champs. Les escapades amoureuses et les amitiĂ©s Ă©ternelles. Le temps oĂč il nâavait pas encore remarquĂ© les sourires de plus en plus effacĂ©s sur les visages de ses camarades, jusquâĂ ce que celui de Jolly Julie sâestompe lui aussi. Moins de monde au bar, moins de joueurs pour faire vibrer les manettes. Beaucoup rentraient chez eux, trĂšs vite. Julie nâĂ©tait plus quâun mur, et ses jambes avaient disparues sous les vĂȘtements amples quâelles mettaient dĂ©sormais. Ses cheveux filasses ne voyaient plus de ciseaux, tombaient sur son front et lui mangeaient les joues. Mais mĂȘme si elle pleurait quand ils nâĂ©taient que tous les deux, Cyril sâen fichait Ă©perdument, offrant le rĂ©confort dont elle avait besoin. Pensait-il. JusquâĂ ce quâil la bouscule maladroitement, un jour oĂč elle portait un haut de jogging gris, et oĂč ses mains par rĂ©flexe sâĂ©taient posĂ©es Ă hauteur de son nombril, dĂ©voilant ainsi la forme de sa grossesse. Peu de temps aprĂšs, une grosse colĂšre avait Ă©clatĂ© entre ses parents et lui, et il Ă©tait Ă peu prĂšs sĂ»r que la mĂȘme scĂšne se reproduisait dans tous les foyers que comptait leur petite bande. Car tous frĂ©quentaient Jolly Julie. Le groupe fut totalement dissout lorsquâelle dĂ©mĂ©nagea dans lâempressement. Les cours de catĂ©chisme furent sucrĂ©s, remplacĂ©s par du tennis. Le PĂšre Quentin put enfin se retirer de ses activitĂ©s ecclĂ©siastiques pour prendre sa retraite. Il quitta alors sa propriĂ©tĂ© sans laisser dâadresse, ni prĂ©venir qui que ce soit. Cyril, par contre, continua de recevoir rĂ©guliĂšrement du courrier de Julie en provenance dâEquateur, oĂč elle y Ă©levait une petite fille, Emma, depuis dĂ©jĂ cinq ans. Cinq longues annĂ©es... A raison de trois fois par semaine, ça faisait donc sept cent quatre vingt pisses et des poussiĂšres quâil vidait au pied du chĂȘne. Cyril se secoue la derniĂšre goutte et remonte sa braguette, toujours sifflotant. Le crĂ©puscule drape le ciel, et des filets de lumiĂšre rose inondent la rue, au delĂ du muret, des pommiers vĂ©reux. Il sâarrĂȘte alors en apercevant un reflet sur le sol et sâagenouille pour lâexaminer. Câest presque rien, juste un bout de verre entre les brins dâherbe, que la terre retient de toutes ses forces. Lorsquâil le remonte devant son nez, il constate que le bout de verre est en fait une chevaliĂšre dorĂ©e, gravĂ©e dâun symbole rouge. Cyril se relĂšve, jette un coup dâĆil rapide tout autour, puis glisse la bague dans la poche de son jean, et tapote distraitement la boursouflure nette quâelle y fait. Il sâĂ©poussĂšte les genoux, regarde une derniĂšre fois sâil nâa pas Ă©tĂ© vu, avant de partir sur son rockrider usĂ©. Câest quâune erreur pouvait vite arriver.
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Ludo Laplume est un Ă©crivain de fantastique/horreur, auteur de nombreuses nouvelles, et d'un roman, La Descente.
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Ceux qui Ă©taient prĂ©sents hier Ă Toulouse Ă la cĂ©rĂ©monie dâhommage de lâĂ©cole Or Hathora (câest ainsi que sâappelle aujourdâhui lâĂ©cole Ozar Hathora) ont immensĂ©ment ressenti la signification symbolique de cet Ă©vĂ©nement. Les discours de Yakov MonsonĂ©go, de Sammy et de Ewa Sandler nâont pas seulement fait couler nos larmes, ils nous ont aussi tous remplis de fiertĂ© ; car ils exprimaient dâune façon bouleversante une force peu commune de vivre et de transmettre, dans une douleur sans recours, mais dans la volontĂ© de sâamĂ©liorer et dâamĂ©liorer les autres, sans laisser place Ă la haine ou Ă la vengeance.Â
Ce fut une magnifique cĂ©rĂ©monie, qui confirme lâengagement fort « aussi longtemps quâil faudra » du PrĂ©sident de la RĂ©publique dans le combat contre lâantisĂ©mitisme, le racisme et le terrorisme, ce terrorisme qui nâa pas tuĂ© que des Juifs
Câest une leçon extraordinaire que nous ont donnĂ©e ce directeur dâĂ©cole, cette Ă©pouse et mĂšre, ce pĂšre et grand pĂšre marquĂ©s Ă jamais. Ayant passĂ© une partie de mon voyage avec lui, jây adjoindrai le pĂšre de Ewa Sandler, lâautre grand-pĂšre, M.Victor Alloul, disciple de Gershon Leibman, ce Rabbin lituanien qui ayant survĂ©cu au ghetto de Wilna et au camp de Bergen Belsen sâest attachĂ© Ă faire revivre en France la yeshiva de Nowardok qui continuait lâenseignement du Musar du rabbin IsraĂ«l Salanter, oĂč lâĂ©thique individuelle avait une place centrale.
Mais cet hommage aux victimes, organisĂ© dans la dignitĂ© et lâĂ©motion, fut aussi un moment dâĂ©motion politique comme il y en a peu et restera comme un temps fort de lâhistoire des relations entre la France et IsraĂ«l. Le PrĂ©sident de la RĂ©publique, dans un magnifique discours, a donnĂ© le sens de sa propre prĂ©sence, mais aussi de la prĂ©sence du Premier Ministre israĂ©lien Ă cette manifestation organisĂ©e par la communautĂ© juive de Toulouse. Je le cite : « Monsieur le Premier Ministre, vous reprĂ©sentez un pays crĂ©Ă©, au lendemain de la Shoah, pour servir de refuge aux Juifs. Câest pourquoi chaque fois quâun Juif est pris pour cible parce que juif, IsraĂ«l est concernĂ©. Câest le sens de votre prĂ©sence. Je la comprends, je la salue, je vous accueille.â
Avec ces quelques mots, François Hollande lĂ©gitimait la force de lâattachement des français juifs envers IsraĂ«l, et expliquait lâimplication normale dâIsraĂ«l, en tant que foyer et centre du peuple juif, dans les menaces contre les Juifs partout dans le monde.
Benjamin Netanyahou a rĂ©pondu au PrĂ©sident de la RĂ©publique en rappelant quâil y avait deux diffĂ©rences essentielles la situation dâavant guerre et la situation dâaujourdâhui: dâabord, lâantisĂ©mitisme gouvernemental courant de lâĂ©poque ne sâexprime plus. Ensuite lâEtat dâIsraĂ«l nâexistait pas alors; il existe aujourdâhui et âil vivraâ: âAm Israel Haiâ fut la derniĂšre phrase, rĂ©pĂ©tĂ©e et reprise par le public du discours du Premier Ministre israĂ©lien.
Ce fut une magnifique cĂ©rĂ©monie, qui confirme lâengagement fort « aussi longtemps quâil faudra » du PrĂ©sident de la RĂ©publique dans le combat contre lâantisĂ©mitisme, le racisme et le terrorisme, ce terrorisme qui nâa pas tuĂ© que des Juifs, comme lâa dit François Hollande, en citant des noms qui ne doivent pas non plus quitter notre mĂ©moire, ceux de Imad ibn Zlaten, Abel Chenouf et Mohamed Legouad.
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Traducción de "aussi longtemps qu'il le faudra" en español
Nous croyons que nous devons tous restés déterminés à réaliser cet objectif aussi longtemps qu'il le faudra .
Consideramos que todos debemos permanecer comprometidos el tiempo que sea necesario para alcanzar ese objetivo.
Il se poursuivra aussi longtemps qu'il le faudra .
ContinuarĂĄ todo el tiempo que sea necesario .
Nous continuerons de
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