« 2020 est un jalon essentiel dans la quête de l’égalité »

« 2020 est un jalon essentiel dans la quête de l’égalité »

Yvette Mbassi
Marie Thérèse Abena Ondoa, ministre de la Promotion de la femme et de la Famille

#Société www.cameroon-tribune.cm

Madame le ministre, le thème de la 35e édition de la journée internationale de la femme porte notamment sur le bilan des actions entreprises en matière de promotion de l’égalité et de protection des droits de la femme. Avons-nous enregistre des progrès dans ce domaine au Cameroun ?

La situation de la femme camerounaise s’est considérablement améliorée, même si d’indéniables disparités restent perceptibles, dues à des préjugés sexistes séculaires et certaines survivances socio-culturelles inappropriées dont la volonté politique et l’irréversible évolution des temps finiront, j’en suis persuadée, par avoir raison.

Je dois souligner que cette évolution et toutes les mutations positives dont elle s’accompagne sont le corollaire logique du projet de société du chef de l’Etat, car, avant 1982, année de l’accession à la magistrature suprême de notre pays de cet homme de haute stature, la femme ne constituait pas un centre d’intérêt spécifique de l’action publique.

Ses problèmes apparaissaient comme une manière d’appendice accolé à des problématiques de développement plus prépondérantes dans le processus de planification du développement. Sa présence résiduelle dans les grands corps de l’Etat en témoigne à suffisance : Plusieurs actions ont été menées au Cameroun, il y a eu beaucoup d’avancées dans l’amélioration de la situation.

Au plan institutionnel, le gouvernement a entrepris de mener des actions multiformes dans le but d’améliorer le statut de la femme. C’est ainsi qu’ont été mis en place des mécanismes institutionnels de formulation et de mise en œuvre des politiques et programmes visant l’amélioration du statut de la femme à travers la mutation du ministère des affaires sociales et de la condition féminine au ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille en 2004.

Des actions sont menées pour que plus de filles aillent à l’école, aient accès aux mêmes études que les garçons, sur le plan politique, les femmes ont la possibilité d’être également présentes sur ladite scène. En ce qui concerne le leadership des femmes, celui-ci enregistre des avancées dans tous les secteurs.

La prise en compte du genre dans les efforts de consolidation de la paix, l’amélioration du cadre normatif, l’intégration de la femme dans le processus des missions de maintien de la paix des Nations unies, avec le déploiement des femmes dans celles-ci. Aujourd’hui, précisément sous le Régime du Renouveau, la donne est visiblement tout autre.

Les femmes sont de plus en plus nombreuses dans toutes les administrations et à tous les niveaux de l’appareil de l’Etat. Elles sont dans les forces armées et de police, le Commandement territorial, la Fonction publique internationale.

Dans nos sociétés qui sont encore essentiellement traditionnelles, une égalité sans limite est-elle possible ?

Je vous dirais que nous sommes engagés dans un processus, une quête permanente. Promouvoir l’égalité doit se comprendre ici comme un engagement à trouver des voies et moyens permettant que les hommes et les femmes se sentent égaux. C’est promouvoir la justice. C’est une égalité qui repose sur la volonté d’affirmer la même chose à tous, les mêmes chances que tous puissent s’épanouir et vivre des vies saines.

L’égalité à laquelle je fais allusion ici, c’est celle mise en exergue par la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Elle ne peut être atteinte que si les hommes et les femmes partent d’un même point de départ, bénéficient des mêmes chances avec un traitement égal sans discrimination de sexe. La limite se trouverait au niveau de la morphologie.

Nous sommes au lendemain des élections municipales et législatives. Avez-vous entrepris des démarches au niveau des partis politiques ainsi que des populations pour que les femmes soient davantage représentées dans ces instances décisives ?

Mon vœu a été simple, qu’il y ait plus de femmes maires et députés. Qu’elles soient nombreuses parmi les conseillers régionaux.

Les statistiques provisoires selon ELECAM, montrent une légère évolution. Au niveau des mairies, en 2013, elles étaient 29 femmes sorties des urnes ; en 2020, elles sont 33, En attendant les élections qui seront reprises dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Pour ce qui est des législatives pour le moment, on enregistre 58 femmes/ 107 hommes (167 députés).

Pour parvenir à ce pourcentage, Nous avons organisé des campagnes de sensibilisation pour les inscriptions en masse sur les listes électorales, des sessions de renforcement de capacité ont été organisées à l’intention des futures candidates. Le MINPROFF a élaboré des outils de sensibilisation et des documents stratégiques en vue de l’amélioration de la participation politique des femmes, le manuel de formation des femmes en politique et son plan d’action en est une illustration.

Selon ELECAM lors des échéances du 09 février dernier, l’on a enregistré 3 222 676 hommes inscrits sur les listes contre 3 630 622 femmes. On remarque la présence des handicapées et des populations sur les listes retenues. Véritable inclusion sociale.

Le forum mondial des femmes « Pékin + 25 » se tiendra à Paris en juillet 2020 sous l’égide de l’ONU. Quelles sont les attentes que le Cameroun compte y exprimer ?

Aucun défaitisme n’est autorisé. Nous avons intérêt à demeurer optimistes. Les transformations sociales sont des transformations qualitatives, elles ne s’opèrent pas du jour au lendemain. Elles se préparent en profondeur. La ville de Rome n’a pas été construite en un jour. Au rythme où vont les réformes, nos petits-enfants, nos petites filles, bref, les générations à venir trouveront assurément une société nouvelle.

Les communautés nous comprennent et nous accompagnent de plus en plus dans la croisade contre les inégalités des sexes. Nous travaillons avec les leaders communautaires. Croyez-moi, ce sont des partenaires incontournables dont la voix porte. Leur collaboration est, en sus de la volonté politique, un réel motif d’espoir.

Nous avons lancé la campagne dite HeForShe dont le but est de rallier les hommes à notre action. Plusieurs milliers d’hommes y adhèrent. Nous pensons que les partenaires lors de cette rencontre de juillet à Paris doivent nous accompagner dans ce sens. La génération égalité doit voir le jour.

 « Fixer un nouveau cap » : c’est l’autre pan du thème de la Jif 2020. Vers quoi allons-nous tendre des a présent ?

Il faut dire que 2020 est un jalon essentiel dans la quête de l’égalité à travers le monde. En effet, 2020 marque le 25e anniversaire de la plateforme de Beijing que vous avez évoquée plus haut ; c’est le 20e anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies ; l’année de l’évaluation à mi-parcours des Objectifs de Développement Durables ; la fin de la Décennie de la femme africaine ; le 10e anniversaire de la campagne « Génération égalité » d’Onu-femmes.

Cette échéance nous impose un arrêt obligatoire pour l’évaluation des actions menées jusqu’ici pour la quête de la parité, le Cameroun s’y étant engagé. A l’échelle nationale, 2020 constitue l’horizon du Plan d’action multisectorielle de mise en œuvre de la Politique nationale genre.

Il faut à présent jeter un regard rétrospectif sur la PNG, la réviser, la recadrer, la contextualiser. Donc, « fixer un nouveau cap » signifie qu’après avoir relevé les insuffisances à l’atteinte de la parité hommes/femmes à date, nous allons identifier des initiatives additionnelles et trouver de nouveaux échéanciers dans le but de l’accélérer. 

Les femmes, comme chaque année, s’apprêtent à célébrer le 08 mars avec faste. Quel message et quels conseils leur adressez-vous ?

Nous sommes très conscients des enjeux liés à cette célébration. J’invite les femmes à fêter dans la dignité et le respect des institutions. Des consignes de défilé leur ont été données lors des réunions préparatoires et par voie radiophonique. Je les exhorte à observer ces consignes.

Enfin, pour les femmes et filles qui n’ont pas pu acquérir le pagne de l’édition 2020, je les invite à arborer celui des éditions antérieures en bon état, et rejoindre leur famille à une heure raisonnable, après le défilé.


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