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Vous ne parvenez pas à lire le texte ci-dessus ?Essayer avec d’autres caractères ou un captcha audioTexte de l’encadré :Qu’est-ce que c’est ?Son tour du monde sur un catamaran sans habitacle ni instruments électroniques s'est arrêté net en août dernier au Sri Lanka. Le navigateur-aventurier suisse ne compte pas s'arrêter là. • Mis à jour le Propos recueillis par Emmanuel Versace Après les escales Tuamotu, Tahiti, Raiatea, Bora-Bora, Samoa, Fidji, Vanuatu et Darwin, en Australie, il arrive à Bali le 1er juillet. Il ne lui « reste » alors qu'à traverser l'océan Indien, l'un des passages les plus redoutés des marins, pour boucler 80 % de son tour. A quelques kilomètres de son arrivée aux Maldives, la situation météo ne s'améliore pas et Yvan Bourgnon décide de se diriger vers le Sri Lanka, où son aventure s'est arrêtée net le 1er août, à quelques centaines de mètres du port de Galle. Lire : Yvan Bourgnon : « Au milieu du Pacifique, on est face à notre solitude »




Votre périple autour du monde s'est arrêté sur des rochers sri-lankais. Je suis parti le 11 juillet de Bali. C'était la dernière étape importante de mon périple : la grande traversée de l'océan Indien. Je savais que ça n'allait pas être simple en partant de Java puisqu'on entrait dans la saison de la mousson d'été. Je m'attendais à des gros grains plus qu'à des pluies diluviennes, comme pendant les moussons d'hiver. Au bout du cinquième jour, j'ai été confronté à deux moussons successives avec des vents violents pointant à 120 km/h dans toutes les directions. A chaque instant, j'étais à la limite du chavirage. Je n'ai pas eu de pépins physiques majeurs à part la fatigue qui s'accumulait. Au bout de huit, neuf jours, j'ai profité d'une accalmie pour réparer un hauban mais un vent fort de près [de face] a commencé à se lever, ce qui était très inhabituel dans ce coin. La mer cognait dans tous les sens sur le bateau. On prend des seaux d'eau dans la figure et on fait des bonds de 30 centimètres, c'est donc impossible de dormir.




Au bout de quatre-vingt-cinq heures sans dormir, j'ai commencé à être sérieusement entamé. J'ai eu des hallucinations. J'ai vu un cargo devant moi alors qu'il était derrière… Bref, j'ai alors pris la décision de raccourcir mon parcours et de rejoindre le Sri Lanka plutôt que les Maldives. A ce moment, j'avais hâte que ça se termine. Il y avait un dernier bord à tirer avant d'arriver, et pour éviter de faire une grosse erreur, je voulais absolument dormir un minimum, mais c'était impossible à cause de centaines de bateaux de pêcheurs qui naviguaient autour de moi. A deux heures de l'arrivée, en pleine nuit, il y avait toujours une forte houle de 4 à 5 mètres, mais plus de pêcheurs à l'horizon. J'ai pu enfin dormir. J'ai mis mon pilote automatique et mis cap au large. Au bout de quelques minutes seulement, j'ai été éjecté de mon bateau. Mon pilote automatique s'est déréglé ou j'ai modifié le cap en dormant, je ne sais pas. En tout cas, mon cata était sur les cailloux, pris dans la vague de surf à 200 mètres de la côte.




DES VAGUES DE QUATRE MÈTRES Je me suis retrouvé sous l'eau, aspiré vers le fond par les courants et des vagues de quatre mètres. Je suis arrivé à sortir de l'eau mais je me suis retrouvé sous le trampoline du cata. Là, j'ai paniqué mais je me suis agrippé aussi fort que possible au bateau. Entre deux vagues, j'ai finalement réussi à remonter dessus. Je me suis accroché à m'en couper les doigts. Mon bateau était balayé, ballotté. Malgré la situation, j'ai tout de même attrapé ma lampe frontale, ma caméra et le téléphone satellite. J'ai dû me prendre au moins une vingtaine de vagues. Comme c'était marée basse — heureusement, sinon je m'écrasais contre la falaise à une centaine de mètres de là —, je suis arrivé à sauter du bateau pour monter sur un rocher. C'est là que j'ai tourné les images. Je suis parti à la recherche d'une plage, où j'ai entreposé les quelques affaires que j'ai pu sauver. Je m'en suis tiré à très bon compte avec « seulement » une hernie.




J'étais vraiment pas loin du pire. Une fois que vous avez compris la situation, qu'est-ce que vous décidez de faire ? Après, c'est le côté « drôle » de l'histoire. Des gendarmes sri-lankais m'ont repéré et m'ont pris pour un trafiquant de drogue. Ils m'ont questionné et embarqué au poste. J'y suis resté trente heures. Pendant les interrogatoires, je m'endormais. Ils ne parlaient pas anglais et ne comprenaient rien à mon histoire. Ils ont dû faire appel à un détenu qui pouvait traduire. J'ai passé deux jours au commissariat avant de pouvoir partir. En sortant, j'ai pu retrouver mon bateau sur les rochers. La coque est irrécupérable, mais tout le matériel était encore dessus. J'ai pu en récupérer un maximum. Votre sentiment après tout ça ? J'étais au fond du trou. Puis j'ai essayé de trouver des solutions. J'ai trouvé un chantier naval à 5 kilomètres de là qui pouvait me reconstruire « Ma Louloute ». Et je me suis dit : « Pourquoi pas continuer ? »




Après cet épisode, qu'est-ce qui vous pousse à repartir ? On parle de moi seulement quand il m'arrive des pépins, mais pour les autres 90 % du temps, cette aventure n'est que du bonheur. J'ai réappris à naviguer avec un sextant, je connais maintenant toutes les constellations pour me diriger avec les étoiles. Lors de ma traversée entre les Galapagos et les Marquises, j'ai pris un pied extraordinaire. C'était vingt jours de bonheur. Le fait de voir apparaître les îles ou la côte à l'horizon est un sentiment indescriptible. Qu'est-ce qu'il vous manque pour reprendre votre périple ? Il faudrait 80 000 euros pour faire repartir le projet. C'est beaucoup et pas beaucoup à la fois. J'ai déjà fait 45 000 kilomètres, soit 80 % du voyage. Il ne me reste « plus que » la mer Rouge et la Méditerranée à traverser pour boucler ce tour du monde. J'ai quelques semaines de retard sur le programme annoncé, mais au fur et à mesure que mon projet avance je me rends compte qu'il est atemporel.




Ce n'est pas une course ni un record. C'est juste une aventure comme on pouvait les faire autrefois. J'espère repartir d'ici à la fin de l'année. Même dans le milieu de la voile, on considère votre projet trop risqué, voire insensé. Aujourd'hui, un skipper est devenu un technicien plus qu'un aventurier. Les gens de la mer ont perdu la notion de risque, alors qu'en montagne il est toujours très présent. Je suis allé à Chamonix rencontrer des guides de haute montagne. Là, un tiers des personnes de ce milieu ne redescendent pas. Je ne pense pas que je m'expose plus qu'un Mike Horn. Je me sens bien préparé et armé pour relever mon défi. Vous avez toujours marché sur les traces de votre frère Laurent Bourgnon. Votre projet n'est-il pas un moyen de vous démarquer de lui ? Je ne crois pas. Ce projet est la continuité de mon parcours. J'ai toujours fait du catamaran de sport, j'ai fait la Route du rhum, j'ai remporté la Jacques-Vabre et bien d'autres courses au large.

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