Pride !

C'est jour de Gay Pride. Et bizarrement, cela coïncide avec une date beaucoup moins fameuse pour moi et pour mon couple. Il y a une semaine tout rond, un espèce d'intégriste nous alpaguait dans le RER parisien pour un malheureux petit smack entre ma copine et moi. "Vous n'avez pas honte, faites ça dans votre chambre", m'a-t-il lancé en me décochant un coup de pied dans le tibia. J'aimerai dire que c'était également ma première agression, mais j'en ai vécu un peu trop, des "sales gouines", des "viens, je vais te faire passer l'envie de bouffer de la chatte" ou autre "allez baisez ailleurs". Mais pour ma copine, c'était la première fois. Et aussi une première pour nous.

Sur le coup, j'ai été soufflée. Il faut dire que pour moi, la découverte de l'homosexualité s'est faite dans l'absence totale de repère. D'un coup, je n'ai pas su ce qu'il m'arrivait, une femme m'attirait follement. Avec le recul, il y a beaucoup de signaux que j'arriverai maintenant à décoder, mais à cette époque, après bac, avec mon parcours dans un lycée de gens tous hétéro, j'étais perdue. Sans repère, sans modèle en qui me reconnaître, sans amis qui soit comme moi. Ça a mis le temps, avant que je m'accepte, que je m'apprécie et que je puisse enfin dire haut et fort "voilà, je suis ça et je suis bien". Rencontrer d'autres personnes, qui soient comme moi, qui ait les mêmes inquiétudes que moi, qui m'apportaient une culture et des modèles en qui m'identifier. Et rencontrer quelqu'un qui compte pour moi et pour qui je compte également.

Cet homme arrive, avec sa mentalité, sa moralité, ses principes, et me fait la leçon. Je devrais retourner dans le placard ? Je devrais me cacher ? Parce que c'est dégoutant, c'est anormal, c'est déviant ? Sur le coup, je me suis bien énervée sur ce type. Je lui ai dit mes quatre vérités. Que si ça ne lui plaisait pas, il n'avait qu'à changer de rame, qu'il n'avait pas à m'agresser et que j'avais le droit d'être libre, comme n'importe quel autre couple, qu'il était hors de question que je le préserve en m'enfermant chez moi.

J'aimerai également ajouter quelque chose, en ce jour de Gay Pride.

J'écris aujourd'hui car je suis queer, lesbienne, gouine, appelez cela comme vous voulez. Je suis ça et bien plus encore. Pour une fois dans ma vie, depuis un certain nombre d'années, je suis fière. Fière de ce que je suis, de qui j'aime, de ma culture, de mes modèles. Fière de ne pas ressentir de honte ou de malaise par rapport à ce que je suis. Fière de m'être construite, en accord avec mes principes et mes idées. Fière de sortir, depuis plus d'un an, avec une superbe femme, que j'aime et qui m'aime. Fière d'être entourée d'amis et de collègues bienveillants, qui ne me jugent pas. Et je ne me tairais plus ! Pour l'ado que j'étais et qui avait tant besoin de repères et de modèles.

Joyeuse Gay Pride à tous !

(photo de Chris Geatch)