Metro

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Par où commencer ?

Se lever et savoir que tu vas passer 1h debout à prier pour qu'une place se libère. Les premières 30 minutes sont moins pires, la 9 ne fait pas beaucoup de bruit, il y a encore d'espace. Parfois les portes s'ouvrent sur un cadavre de sans-abris échoué sur le sol de la station. Ne pas se demander s'il dort ou s'il est mort. S'en foutre. Quand arrive enfin Miromesnil tu dois te battre pour sortir. Sur le quai tout le monde se fonce dessus. Il faut aller le plus vite possible, surtout ne pas perdre de temps.

Et là tu descends pour prendre la 13. L'odeur est forte, unique, c'est "l'odeur de la ligne 13". Tu te prépare mentalement à passer 30 nouvelles minutes serré.e contre des inconnu.e.s. L'entrée dans le wagon est stratégique, il faut éviter de se placer au fond, toujours rester près des portes pour avoir une chance de ne pas mourir asphyxié.e. Saint-Lazare. Les gens s'entassent comme des animaux. Le trajet et lent, laborieux, très pénible, sombre (les lampes des wagons n'étant pas remplacées). Et toujours cette odeur. Alors chacun se penche sur son portable, se concentre sur la musique qu'il écoute, essaye de lire. Se recréer une bulle d'intimité pour supporter cette proximité forcée. Et le bruit ! Les trains sont de vraies bêtes qui rugissent dans les tunnels souterrains. En fait, tous tes sens sont agressés.

Je suis conscience que des millions de gens vivent ça chaque jour, parfois encore plus longtemps que moi, mais tout cela rend quand même la vie plus moche, plus contraignante, plus grise.

Les gens n'ont plus rien d'humain à l'heure de pointe. Et je les déteste. Et je me déteste de participer à ce cirque. Ils ne sont plus que des machines allant d'un point A à un point B. Il faut que le trajet se passe sans encombre et surtout le plus rapidement possible. Chaque matin c'est le même rituel. Chaque soir c'est le même rituel.


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