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Chapitre 1 : Carmela NGONGO -Anita A peine elle a ouvrait le portail que maman Pauline se mit à crier. Maman Pauline : qui me laisse le robinet ouvert comme ça ? Ce sont vos imbéciles de pères qui me paient les factures d’eau ? Mamina (sa deuxième fille) : mais tu ne vois pas que je remplis la bassine ? Maman Pauline : il faut bien me répondre comme ça imbécile ! Le front comme le masque de la SEEG ! Comme tu baises les hommes comme moi je suis devenue ton égale. Mamina s’en allant fermer le robinet : pardon ce n’est pas avec moi aujourd’hui. Maman Pauline : le savon traine dans l’eau pour ne faire que deux jours, quand on va appeler vos irresponsables de pères ils vont me réciter le Petit Larousse. Regardez comment la maison est salle. On ne dirait même pas que je vis avec des humains. Salles comme vos cons qu’on baise partout partout. Fortes pour ouvrir vos grosses gueules seulement dans la maison. J’arrive je ne peux pas manger, si ce n’est pas la nourriture sans sauce c’est la nourriture brûlée. Incapable de mettre une bouteille d’eau au frigidaire pour dire que la connasse qu’on appelle Pauline va boire l’eau glacée en rentrant du travail. Minouche (la première) : je dis hein ? C’est comment ? C’est comment que quand tu rentres ici c’est seulement le bruit ? Tu as quel problème ? Maman Pauline : tu ne me parles pas comme ça. Je suis encore en état de prendre ta grosse gueule la et foutre ça dans mon con tu comprends Minouche ? Minouche : tu fais le bruit ! Tu fatigues les gens ! Y a quoi ? Tu es la seule à avoir les enfants dans le quartier ? Copine (la troisième) : même pas déposer le sac, demander aux gens s’ils vont bien que le bruit. Les cris, les injures, c’est comment ? Ses trois premières filles l’ont pris en show, moi j’étais simplement assise à écouter. Maman Pauline est la grande soeur de maman. Elle a sept enfants. Minouche (20 ans), Mamina (17 ans), et Copine (15 ans) sont les enfants qu’elle a eu avec le policier. Après il y a Mamou et Bobby (10 et 8 ans) qui sont les enfants de l’instituteur et les derniers, Karl et Dominique (5 et 3 ans) dont je ne connais pas les pères. Je vis avec elle parce que ma mère est très malade et ne peut pas me garder. Dans la maison il y a tous les enfants de maman Pauline (sauf Mamou et Bobby), Poupina (13 ans) et son père tonton Anicet (le petit frère de maman et maman Pauline), moi et maman Pauline elle-même. La maison est en demie dure, elle a cinq chambres et deux salles de bains (une dans la chambre de maman Pauline et l’autre est pour tout le monde). Tonton Anicet fait des bricoles, maman Pauline est fonctionnaire. C’est ce que j’ai toujours entendu et que je n’ai jamais compris du haut de mes 7 ans. Maman Pauline en hurlant : qui devait faire la vaisselle ? Poupina : c’est Anita maman Pauline. Hein ?!! Quelle Anita ?!! Moi : c’est faux, mon tour c’était hier. Poupina : mais ce sont les assiettes d’hier qui sont là. Moi : et les gobelets du café du matin ? J’ai bien fait ma vaisselle la nuit avant d’aller dormir vous êtes encore allés manger et salir. Poupina : mais est-ce que ce n’était pas hier ? Moi : non, il était déjà minuit. Donc c’était déjà ton jour.

Maman Pauline : Poupina va me laver les assiettes tranquillement.

Elle est partie en tapant des pieds et marmonnant qu’elle le dira à son père. Les cris n’ont cessé que lorsque maman Pauline est allée se coucher. Cette femme ne sait pas s’exprimer sans crier, elle crie pour absolument tout. Le soir c’est tonton Anicet qui rentre ivre en faisant un vacarme pas possible. En général sa fille lui fait un résumé de tout ce qu’on lui a fait dans la journée et il sort menacer tout le monde. Parfois maman Pauline laisse passer, parfois non. Comme ce soir. Maman Pauline : Poupina veut que je *la casse la gueule ? Ça veut dire quoi ? Tu es supérieure à qui dans cette maison ? Tu es qui et on ne doit rien te dire ? La reine de Sabah ? Je m’étais toujours demandé qui était cette reine dont parlait ma tante tous les jours. Ils se sont chamaillés un bon moment et chacun est allé dans sa chambre. Maman Pauline est dure, elle aime crier et insulter, mais elle est très gentille. La plus gentille de mes mamans je dirais. . Le lendemain, comme tous débuts des grandes vacances, on doit passer à la purge avec les feuilles amères (le ndolè chez les camerounais). Personne n’aime cette séance mais avait-on le choix. Pendant trois jour tu as le popotin qui chauffe, impossible de jouer. Vint le soir et on m’annonça que je partais chez ma mère pour les vacances. Je n’aime pas aller chez elle. Je n’aime pas la voir toute maigre et en souffrance. Je n’aime pas l’entendre pleurer toute la nuit se plaignant de douleurs. Mais je n’avais pas mon mot à dire. Maman vit chez notre grand-mère avec ma deuxième tante, tata Rachelle. Tata Rachelle ne parle à personne dans la famille et on nous interdit aussi de lui parler. Elle disparaît souvent puis revient, on dit que quand elle disparaît elle est chez les blancs et quand ils la chassent à cause de son mauvais caractère, elle revient au bercail. C’est maman Pauline elle-même qui est allée me déposer au PK5 chez mémé. Maman était assise sur la terrasse toute maigre. Mémé et ses filles se sont mise à parler en massango, sûrement pour que je ne comprenne pas, car je parle plus l’apindji qui était la langue de mon grand-père maternel. Maman Pauline : bon Anita ? Je viens te chercher à la rentrée. Moi triste : oui. Je ne voulais pas rester ici. Je ne voulais pas entendre maman pleurer et se tordre de douleur toute la nuit. Je ne voulais pas. J’avais 7 ans, je ne comprenais pas tout mais j’entendais les murmures. Je savais qu’elle allait mourir et je n’avais aucune envie de vivre ça. J’avais peur de me réveiller et constater qu’elle est morte, pire de découvrir son cadavre. — Étonnement, de tout mon séjour maman n’a pas fait une seule crise. Elle était mince et affaiblie mais elle ne se plaignait pas de douleur. Ce jour j’étais restée avec elle afin qu’elle me tresse tandis que mémé était à ses plantations. Je ne pourrai jamais oublier ce jour. Maman finissait à peine de me tresser, je ramassais peigne, élastique et cheveux lorsque le téléphone de maman se mit à sonner. Elle décrocha et lança aussitôt un “Comment ça ?” Mon cœur était alarmé. J’ai pressenti qu’il y avait un problème alors je suis restée debout avec le petit banc de cuisine en main. Avant qu’elle ne raccroche, mémé était de retour en larmes. Elle appelait maman Pauline en pleurant. J’ai de suite compris. La femme qui m’avait toujours élevée n’était plus. On l’avait braquée à Rio (quartier de Libreville) et ses bourreaux n’avaient pas épargné sa vie. Une personne avait quitté sa maison le matin avec l’intention de tuer quelqu’un et ce quelqu’un devait être ma tante. J’avais l’impression de rêver, j’avais l’impression que c’était une mauvaise blague qu’on me faisait. Mais non, j’avais perdu ma maman Pauline. Malgré ses cris et ses injures je l’aimais. Plus même que ma mère. Elle m’avait récupérée quand j’avais 3 ans et depuis je vivais avec elle, tout ce que je sais c’est elle qui me l’a appris. Elle m’a aimée non pas comme une tante mais comme une mère. Et aujourd’hui elle n’est plus. — Vint la rentrée et on m’annonça que j’irai chez mon père. Pourquoi ? Pourquoi je devais aller chez cet homme alors que maman allait mieux ? Alors qu’elle ne paraissait plus malade ? Je connaissais mon père, je l’avais rencontré deux ou trois fois mais sans plus. J’avais arrêté de me demander pourquoi je ne pouvais pas le voir plus souvent. Les autres me disaient que c’est parce qu’il était marié, maman ne disait rien à son sujet sinon “C’est la vie” Papa vint me chercher la veille de la rentrée et m’emmena chez lui. Il me présenta à ses enfants, Daniel (5 ans), Emmanuel (3 ans), Célia (1 ans) ainsi qu’à sa femme enceinte. C’était donc vrai qu’il était marié à une autre. Papa : Anita, ce sont tes petits frères et elle ta mère tu comprends ? Elle : qui est sa mère Jean-Daniel ? Qui est sa mère ? Je suis bien en chair, bien portante, ne me confonds pas à tes bordelles sidéennes que tu couches partout partout. Papa : Carmela arrête ! L’enfant n’y est pour rien. Elle est là, elle va vivre avec nous. Elle : jamais ! Jamais Jean-Daniel tu m’entends. Du temps où je ne faisais pas les enfants j’allais accepter, mais là il faut me tuer pour que l’un de tes bâtards entre dans cette maison. Papa énervé : je t’ai dit que ça suffit ! C’est moi l’homme, c’est moi le chef. Tu veux qu’elle aille où ? Elle en criant : chez sa pute de mère et son VIH. Je ne sais pas ce qui est ce VIH, mais je sais que la récompense pour utiliser ce mot était une belle gifle bien sonore. Maman Carmela elle-même était surprise avec sa main sur la joue. Papa en criant : tu ne comprends pas quand on te demande d’arrêter ? Tu ne peux pas arrêter quand on te parle ? C’est quoi ton problème ? Anita est ma fille et elle restera ici jusqu’à nouvel ordre ! Maman Carmela s’est mise à pleurer tandis que papa m’ordonnait d’aller ranger mes affaires dans la chambre. Ce soir en pleine nuit ils se sont battus, pour conséquence, maman Carmela a été hospitalisée et elle a accouché avant le jour. Papa m’a dit le mot utilisé dans ce cas mais j’ai oublié. Quand elle est rentrée avec bébé Loïc, elle a dit à mes frères qu’elle a failli mourir à cause de moi. Résultat, ils ne me parlaient plus. Lorsque les gens venaient voir le bébé, elle me cachait. — Mes frères allaient à l’école en voiture, leur maman les déposait. Ils avaient un sac pour leur goûter et des gourdes de sirops. Ils étaient dans une école conventionnée et moi à l’école publique. Je marchais pour m’y rendre car ce n’était pas loin et mon seul goûter était une glace à l’oseille de 100f. Maman Carmela ne me parlait jamais, elle ne s’occupait pas de moi. Le matin elle faisait le petit-déjeuner de ses enfants et les mettais dans la voiture pour aller les déposer. Elle ne me disait même pas bonjour. Papa partait bien avant nous, il ne le savait donc pas. Et j’avais peur de lui dire. -Carmela Après avoir déposé les enfants à l’école, je reviens m’occuper de mon bébé. Je compte faire les enfants tous les deux ans jusqu’à ce que mon corps n’en puisse plus. J’ai de l’argent, je suis professeur à l’université. Jean-Daniel aussi est proviseur, ce n’est pas l’argent qu’il nous manque. On a déjà deux studios en location et la maison dans laquelle nous sommes. Je compte bien pomper les enfants jusqu’à épuisement. 13 ans de relation et 8 ans de mariage avec cet homme. Comme je ne faisais pas d’enfants, Monsieur se permettait de me faire des enfants dans le dos. Il en a 3 qui ne sont pas de moi mais c’est la mère de la petite Anita que je déteste le plus. A cette époque je me battais dans les hôpitaux pour tomber enceinte. J’allais de spécialistes en spécialistes pour que mon problème soit résolu. Quand j’ai appris que Jean avait un enfant dehors j’ai failli devenir folle. Folle je vous dis, ce n’est pas une figure de style. Le comble c’est que cette Pascale (la mère d’Anita) venait me narguer, elle me disait avec assurance qu’elle allait me faire partir de mon foyer. Je peux accepter les deux autres mais la fille de cette femme JAMAIS ! Je dis bien jamais ! Pas après tout ce que la mère m’a fait subir. C’est la maison de son père, elle peut y vivre. Mais c’est tout. La nourriture c’est moi qui paie donc elle ne mange pas, elle attend son père pour manger. La scolarité de mes enfants c’est moi qui paie, normal qu’ils soient au privé. Même le slip, si son père ne lui donne pas de l’argent pour ça elle n’aura rien. Jean-Daniel : je ne te comprends pas Carmela. Les autres femmes protègent, couvrent leur mari. Toi non. Comment tu peux laisser l’enfant dormir faim ? Moi : tu n’as qu’à payer la nourriture. Les autres hommes paient la nourriture. Je ne vais pas nourrir ta bâtard. Jean-Daniel : tu sais bien que la rentrée scolaire des enfants m’a ruiné, j’avais des arriérés à l’école d’Ariane (sa deuxième fille) comprends-moi. Toi tu travailles, tu peux faire pour tes enfants mais les autres ? Moi hors de moi : tu es malade NGONGO, tu es fou ! Donc tu fais tes enfants dehors en comptant sur mon salaire ? Quand on n’a pas d’argent on met son enfant au public. Jean-Daniel pour détourner le sujet : donc ça ne te dérange pas de laisser un enfant dormir faim ? Moi : non. Surtout quand la mère de cette enfant m’a fait vivre des misères. Ariane et Nestor je peux les prendre mais Anita jamais ! Jean-Daniel me regardant mal : il ne fallait pas rendre sa mère malade alors. J’ai été surprise une minute et je me suis reprise. Moi : tu dérailles ! Il a pris son enfant et ils sont allés manger je ne sais où. Quand on fait quelque chose on le fait jusqu’au bout, on le fait bien. Quand elle me faisait la guerre elle ne pensait pas à sa fille ? Quand elle se moquait de ma stérilité elle ne savait pas que demain sa fille pouvait avoir besoin de moi ? Quand elle criait qu’elle va me faire partir de cette maison, quand elle m’insultait en route. Je suis allée regarder mes enfants, ils dormaient à point fermés. J’ai réglé la température du split. L’autre dort avec le ventilateur, c’est moi qui paie le courant ici. A 21h NGONGO et sa fille sont rentrés, elle a filé dans sa chambre. Jean-Daniel : je te remercie Carmela. Merci du fond du coeur. Anita n’est pas responsable des actes de sa mère. Tout comme Pascale n’a pas pensé à demain, toi aussi tu ne penses pas à demain. Moi : … Jean-Daniel : Anita est un enfant, elle n’a que 7 ans. Sa mère va mourrir et tu ne le sais que trop bien, prends-la comme ta fille, éduque-la. Ce n’est qu’un enfant.

Je ne peux pas. A chaque fois que je vois cet enfant je vois sa mère et c’est plus fort que moi. Je ne veux pas la voir ici, je ne veux pas la sentir. Si Jeans-Daniel ne veut pas comprendre il n’aura que ses yeux pour pleurer.

May 20, 2019 · Public · in

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